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Léa Kerbiriou, une fille rigoureuse et prometteuse


Léa Kerbiriou vient tout juste d’être sacrée championne de France juniors du 800m en salle. Au mois d'août, la tarbaise s'en va en direction de Temple University à Philadelphie en Pennsylvanie pour tenter l'aventure américaine.


Avant de rencontrer Brice Leroy, ancien athlète de l’équipe de France et deux fois champion de France du 800m en salle, Léa Kerbiriou n’était qu’une athlète touche à tout (longueur, triple saut, disque etc). Elle avoue : "c’était un peu n’importe quoi". Depuis mai 2018, elle a démarré une collaboration avec l’ancien coureur du 800m. Un ancien athlète dont elle ne connaissait pas le palmarès ni l'expérience. C’est seulement après une recherche sur internet que l’athlète a découvert le statut du coach Brice Leroy.

Au début de cette collaboration, la jeune tarbaise partait de très loin avec un record à 2:38.65 au 800m et trois entraînements par semaine. Puis ils ont décidé d’augmenter les séances d’abord quatre et maintenant six. Les progrès se sont vite ressentis. En deux ans, elle est passée de 2:38.65 à 2:11.61. D’abord, elle est devenue vice-championne de France cadette du 800m. Ensuite le graal, Léa Kerbiriou est sacrée championne de France juniors en salle. En début de saison, Léa Kerbiriou et Brice Leroy n’avaient pas mis ce championnat dans leur calendrier. Toutefois après le meeting de Nantes, où la junior a réalisé 2:12.15 sans réelle préparation. Ils ont décidé de revoir leur plan. Brice Leroy le coach avait pour premier plan de ne faire que du cross. Suite à une séance tempo de 400m, les plans ont été revus.


Brice Leroy : "C'est une fille rapide, cet hiver je pense qu’elle pouvait courir en 55.9 ou 56.2 sur 400m, mais elle n'a pu en faire en compétition à cause du calendrier chargé. Sur 800m à Nantes elle fait 2:12 sans préparation. Donc là je me dis vas-y, on se lance pour les championnats de France"

À Miramas aux championnats de France juniors, la future étudiante de Temple University se présente sans séance spécifique. Brice Leroy confirme : "on a fait que du tempo 800 avec des longues récupérations". En étant peu préparée, Léa Kerbiriou brille en repartant avec son premier titre national et un nouveau record personnel (2:11.61), un temps plus rapide que celui réalisé durant l’été 2019. Elle laisse son coach sans voix : "cet été, ça va être monstrueux. Quand on va vraiment envoyer sur le spécifique, le chrono, il va décoller. Et c’est là que tu te dis qu'elle serait capable de courir entre 2:06 et 2:07". Cependant, le COVID-19 a obligé le duo à revoir ses plans.

La sociétaire du Tarbes Pyrénées Athlétisme a logiquement été déçue suite à l’annonce de l’annulation d’une partie de sa saison. Comme elle le confie :"j’aurais aimé courir et voir les progrès en été. L’année dernière en indoor, j’ai fait un 800m en 2:23 et l’été 2:12 si ça suivait à peu près la même progression, j’aurais pu battre mon record". Elle garde tout de même le sourire et l’envie de progresser. Le coach de son côté ne se fait pas de souci. Il reconnaît lui-même : " Elle a vraiment passé un cap sur l’aérobie".



Le confinement a poussé Brice Leroy à réadapter le plan d’entraînement


À partir de mi-mars, Brice Leroy a dû adapter son entraînement. Il a proposé à son athlète un plan d’entraînement de 1500m-3000m. Le seul plan qu’il pouvait proposer à distance sans avoir le besoin d'une salle de musculation et d'une piste. Léa a dû s’adapter et changer ses habitudes. Le confinement a aussi amené le duo à mettre en place des moyens de communication et d’échange à distance pour se tenir au courant. Le coach a instauré un appel visio au moins 4 fois par semaine pour faire des récaps et avoir un contact visuel avec son athlète. Cette période a aussi permis au coach de mettre en place un nouveau cycle d’entraînement et à l’athlète de travailler son endurance. Toutefois, le duo doit patienter jusqu'à septembre pour voir les résultats de cette période de travail.

Léa Kerbiriou partira en direction de Philadelphie, le 17 août avec "les crocs" et une envie de performer.

Léa Kerbiriou et Martin Casse après le titre de Léa aux Championnats de France à Miramas le 23 février 2020



Léa Kerbiriou : "Quand j’ai vu les infrastructures, le coach, l’équipe de fille. Je me suis dit : c’est le rêve. Si j’arrive à avoir une bourse why not. Je ne pouvais pas laisser passer cette occasion"


Léa Kerbiriou s’est engagée avec Temple University pour la rentrée 2020. Au départ, elle n’avait pas pour objectif de partir aux USA. Elle avait plutôt opté pour la filière STAPS. Après avoir rencontré, Martin Casse sur une compétition à Toulouse, elle a changé ses plans. Elle raconte : " je ne me voyais pas allier sport et études en France, car c’est trop compliqué. Donc je me suis dit : pourquoi pas me lancer dans une nouvelle aventure. J’ai commencé à faire les démarches et j’ai accroché au projet". L’entraîneur a lui aussi été emballé en tant que fervent défenseur du double projet. Pour Brice Leroy, il est important de penser à l’après athlétisme. Il dit lui-même : "ce projet (sport-étude) prime chez moi. Si t’as pas ça, je ne t’entraine pas. Aujourd’hui, après l’athlé, il n’y a plus rien. A un moment, t’appartiens au passé. La vraie vie est après l’athlé. Si tu t’entraines comme un bœuf, tu fais 1:45 ou 1:46 (NDLR sur 800m), et que derrière tu te trouves à ne rien faire, tu touches le chômage ou le RSA. Il n’y a aucune logique. Le double projet m’intéresse plus et il est important. Il crée une stabilité dans ta vie". C’est en toute logique qu’il a poussé son athlète à partir et se renseigner auprès de Rougui Sow (ancienne étudiante de South Carolina et Florida State). Le champion de France 2013 et 2015 avoue : "Ici à Tarbes, le plan est sérieux mais ça reste de la bricole. Elle s’entraine dans des conditions, qu’on n’imagine même pas. Elle ne touche quasiment jamais la piste. Il y a trop de coureurs loisirs ou de routards. Parfois t’as trop de monde au couloir 1. C’est impossible de faire une séance. Là où elle va à Temple. C’est dix fois plus beau que l’INSEP. C’est tout bénef. Ça me fait mal au cœur de la laisser parce que je l’ai formée, j’ai passé du temps avec elle. J’ai discuté avec le coach Snyder (James Snyder coach cross-country et demi-fond). J’ai vu les installions, c’est un truc de fou. Les études, c’est ce qu’elle veut faire dans la vie. Pour moi, elle ne m’appartient pas. C’est que du bonheur de l’avoir amenée jusque là". À cause de ces difficultés, le duo a dû mettre en place des séances, le mercredi midi après les cours de la jeune femme. Le mardi et jeudi, ils ne peuvent pas utiliser la piste.


Pour ce départ, la tarbaise a pu bénéficier de la Bourse Marie Bouchard et d’une bourse complète à Temple University. Cette "bourse Marie Bouchard" est réservée une fois par an à un(e) étudiant(e)-sportif(ve) méritant(e), en partenariat avec l'athlète de l'équipe de France Marie Bouchard, ancienne étudiante de l’université de San Francisco. Une aide précieuse comme elle le raconte : "Marie m’a beaucoup aidé pendant la période des tests. Je pouvais lui envoyer mes devoirs écrits. J’ai pu et je peux aussi lui demander des conseils". Cette aide a été bénéfique pour Léa Kerbiriou. Les tests et les démarches ont été très difficiles pour la tarbaise, qui a pu compter sur le soutien de Martin et de son équipe. La jeune femme de 18 ans a même connu des doutes : "oui, j’ai eu des craintes. Je me suis demandé si j'étais capable de partir toute seule comme ça. Finalement, quand j’ai vu les infrastructures, le coach, l’équipe de fille. Je me suis dit : c’est le rêve. Si j’arrive à avoir une bourse why not. Je ne pouvais pas laisser passer cette occasion".

À Philadelphie, Léa Kerbiriou part suivre un cursus en Business Management & Communication.

Brice Leroy et Léa Kerbiriou avec Martin Casse, directeur d'USA-Project



Brice Leroy : "elle va nous épater en cross l’année prochaine. Sur 800m, elle sera à suivre"


L’entraîneur et sa protégée forment un duo dynamique et blagueur. Chaque minute, ils se charrient. Lorsqu’on demande à Brice Leroy : comment il a vécu cette période sans Léa Kerbiriou ? Il n’hésite pas à répondre : "j’ai pu faire des économies d’essence et jouer à la Play. C’était le top (rire)". Brice Leroy et Léa Kerbiriou ont réussi à créer une relation de confiance. Le duo tente de savourer chaque instant comme les France Elite indoor ou les championnats de France cadets-juniors. La devise est de n'avoir aucune limite chronomètriquement parlant.

Léa Kerbiriou a aussi le don de faire pleurer son entraîneur comme il l'avoue lui-même :  "Chaque fois qu’elle court. J’ai pincement au cœur. Ça fait tellement plaisir quand je vois son investissement. J’arrive à l’aider à atteindre ses objectifs. Lors de la finale des Frances, j’ai senti qu’elle stressait et qu’elle pouvait gagner. Je lui ai dit, que tu gagnes ou pas je suis tellement fière de tout ce que tu as fait pour être en finale et j’ai eu les larmes". Brice Leroy ne dit que du bien de sa protégée. Il décrit Léa Kerbiriou comme une fille rigoureuse et très carrée. Une fille qui ne rechigne jamais à l'entraînement. Il pense qu’elle peut s’adapter et voire même acquérir la mentalité américaine. Il rajoute : "c’est une fille avec qui tout est millimétré. Elle rentre à 20h. De 20h à 21h c’est les devoirs. À 21h30 la douche, tout est respecté avec elle. Elle a une vie hyper bien faite".

De plus, Temple University convient clairement à Léa. À Philadelphie, il ne fait pas trop chaud. Un critère très important pour elle : "s’il fait trop chaud. Je ne peux pas courir. Texas, c’était mort (rire)".

Aujourd’hui, elle est en contact avec les filles du groupe demi-fond et Fafa Tsikata (coach assistante musculation). Léa Kerbiriou est contente à l'idée de pouvoir courir en groupe. C’est un réel plus pour elle : "c'est ce qu’il me manque en ce moment". Dès le 1er juin, le coach Snyder prend l’entraînement en main. Brice Leroy va lui s’occuper de prendre les chronos et de la suivre en vélo. L’entraîneur annonce déjà : "elle va nous épater en cross l’année prochaine. Sur 800m, elle sera à suivre. Elle aura plus de facilité à réaliser moins de 2:10 aux USA qu’ici. Elle aura de la densité. Elle a tout de réuni pour performer là-bas".

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